Histoire et monuments en Dobroudja
Dans le sud de la Roumanie, plus précisément dans les vieilles montagnes de la Dobroudja, l’on retrouve l’ancienne cité d’Adamclisi. La cité tire sa gloire d’abord d’avoir été bâtie par l’empereur romain Trajan, puis de garder les traces de la cité antique de Tropaeum Traiani, intrinsèquement liée à l’histoire de la Dacie romaine, après l’an 106 de notre ère, une fois la Dacie occupée et colonisée par les Romains. C’est de 1977 que date le musée fondé à l’endroit même, et qui accueille et protège les pièces d’origine du monument triomphal érigé par les Romains à la gloire de la conquête de la Dacie. Car Tropaeum Traiani est par dessus tout le mausolée érigé sur les ordres de l’empereur Trajan à la gloire de son armée et à la mémoire des soldats tombés lors de cette guerre.
Mariana Petruţ, conservatrice au musée d’Adamclisi, sera notre guide d’aujourd’hui. « L’empereur Trajan n’a pas choisi le lieu de ce monument au hasard. C’est bien sur le champ de la plus importante bataille livrée durant cette guerre de conquête de la Dacie que l’empereur a décidé de bâtir ce monument à la gloire de sa victoire, et implicitement à la gloire de l’empire. Le monument en soi est comme une bande dessinée avant la lettre, une bande dessinée taillée dans la pierre, qui reprend le film des luttes menées par les soldats romains contre les Daces. Erigé entre 106 et 109, le monument tombe en morceaux au fil des siècles. Nous ignorons les causes exactes de sa destruction - si elle fut brutale ou lente, si elle fut la conséquence d’un violent tremblement de terre ou de l’action humaine. Ce que l’on sait en revanche avec précision, c’est qu’au XIXe siècle, les archéologues allaient procéder aux premières fouilles sur le site. »
La reproduction actuelle de ce mausolée est à deux km du site de la cité antique. Fondée sur les ruines d’une cité dace, la cité romaine s’est développée tout au long de la période d’occupation romaine de la Dacie. Pendant six cents ans, la ville connaîtra une grande prospérité, devenant le principal centre urbain romain de Dobroudja, et accédant même au statut de municipe. Son rôle est mis en évidence par le monument même de Tropaeum Traiani, devenu le symbole de la cité. Le monument en soi est composé d’une base cylindrique et d’un toit en forme de cône, au sommet duquel trône le vautour bicéphale. Le monument impressionne par la solidité constructive, par l’équilibre de ses volumes, mais plus encore par sa hauteur. Dépassant de dix mètres la hauteur de la Colonne Trajane de Rome, cela montre à profusion l’importance accordée au monument par l’empereur même, monument qui devient le symbole de la puissance romaine, aussi bien au nord qu’au sud du Danube. Il semble que le célèbre architecte Apollodore de Damas soit à l’origine du projet, celui qui avait fait bâtir l’ouvrage monumental du pont en pierre traversant le Danube, et qui permit à l’armée impériale d’investir le royaume dace. Les ouvriers furent choisis des garnisons romaines situées à proximité. Et c’est l’archéologue roumain Grigore Tocilescu qui met au jour, au XIXe siècle, les ruines du mausolée et de la cité antique.
Mariana Petruţ nous offre des détails. « Au XIXe, il ne restait plus du monument que le noyau. Les fresques en pierre qui racontaient le déroulement de la bataille étaient tombées tout autour, et le temps les a recouvertes de terre. Ce qui est remarquable, c’est que l’on a réussi à retrouver la plus grande partie des pièces d’origine qui composaient le monument. Une partie enfouie profondément, une partie en surface, puis d’autres morceaux avaient été récupérés et utilisés par les villageois du coin, pour embellir les puits par exemple. Ils n’avaient pas conscience de l’inestimable valeur de ce monument. Les archéologues ont réussi à récupérer la majeure partie de ces pièces éparses, et ils ont même retrouvé une partie de l’inscription dédicatoire du monument, qui marque son identité : Tropaeum Traiani, c’est-à-dire le Trophée de Trajan. »
C’est bien grâce aux fouilles archéologiques que l’on a pu reconstituer l’apparence d’origine du monument antique. Les blocs de granit gardent les noms des soldats romains et de leurs villes d’origine. Derrière, à quelques mètres du monument principal, un deuxième mausolée a été érigé, celui du général romain. C’est grâce à toutes ces découvertes que Tropaeum Traiani a pu être reconstitué fidèlement, grandeur nature, et inauguré en 1977, au même moment que le musée abritant les pièces d’origine et situé dans le village actuel d’Adamclisi. (Trad.: Ionut)
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